Quand les tomates rencontrent Wagner. Mariana Economou, Grèce, 2020, 73 minutes.
Les tomates poussent-elles mieux dans un environnement musical ? Et quelle musique les fait-elle murir plus rapidement ? Wagner ou la musique traditionnelle grecque ? La question est d’importance. Mais aura-t-elle une réponse claire et définitive avant la fin du film ?

Nous sommes dans le centre de la Grèce. Une vaste plaine vouée à l’agriculture. La culture de la tomate plus précisément. Mais l’agriculture ici est en difficulté et la vente des tomates a du mal à nourrir ses producteurs. C’est le cas en particulier de ce petit village, Elias, qui meurt à petit feu, déserté par sa jeunesse. Mais les grands-mères qui lui y résident et y travaillent n’ont pas dit leur dernier mot.

Le film de Mariana Economou a un petit air de fable. Avec pas mal d’humour et un brin de dérision. Mais au fond il est plus sérieux qu’il n’y parait. Car c’est bien la survie de ce village et de sa population vieillissante qui est en jeu. Et au-delà, l’avenir de l’agriculture face aux mutations du monde moderne. S’il ne propose pas vraiment une vision géopolitique, il rend compte de la situation concrète d’un village, d’une région qui semble quelque peu oubliée en Europe.

Sous la conduite de deux cousins – l’un amateur de Wagner, l’autre de musique traditionnelle – les grands-mères du village vont tenter de prendre en main leur destin. Et pour cela de donner un souffle nouveau à la culture de la tomate et à la commercialisation de ses produits dérivés, comme les tomates farcies en bocaux qui sont leur spécialité.

Une bonne partie du film se passe en dégustation des innovations culinaires qui doivent permettre de conquérir un marché mondial. Faut-il ajouter une cuillère de marjolaine par pot. Ou remplacer le riz par du quinoa qui est plus à la mode, mais nettement moins goutteux. Tout cela est abordé avec beaucoup de sérieux. Et nos grands-mères ne ménagent pas leurs efforts. Elles finiraient même par devenir de super-héros.

Le film présente pas mal de diversité. Le village reçoit une classe de lycéens français et le petit groupe des grands-mères part à Bruxelles à la recherche de nouveaux débouchés. Comme quoi un petit village perdu au centre de la Grèce sait très bien s’intégrer au monde moderne. Une leçon à méditer.