H COMME HOPITAL – Chine.

H6 – L’hôpital du peuple. Ye Ye, France, 2021, 114 minutes.

Le film s’ouvre sur une séquence rurale. Le ramassage des patates dans un champ ; des enfants qui jouent dans la cour d’une ferme. Mais ce n’est que l’incipit du film. Dès l’inscription du titre et du nom de la réalisatrice sur l’écran, nous sautons sans transition à la ville, la grande ville – la contraste absolu – avec sa foule compacte dans les gares, les stations de métro, une foule disciplinée sur les escalators. Si un vieil homme avec une béquille ralentit le flot, personne ne le bouscule pour passer plus vite. Et personne ne proteste. Il en sera de même à l’entrée de l’hôpital où le vieil homme nous conduit. L’hôpital 6 de Shanghai qui sera le lieu clos où le film nous immerge.

Dans l’hôpital, ce qui frappe immédiatement, c’est la foule, la surpopulation. Dans les chambres, où les lits s’entassent les uns à côté des autres sans qu’il y ait d’espace pour les visiteurs. Dans les couloirs, où les familles attendent l’heure de l’ouverture des visites. On s’agglutine à la porte d’entrée en attendant de recevoir un numéro d’ordre. Pour les malades, il n’y a pas de solitude. Ils n’ont droit à aucune intimité. Les visites du médecin, le travail des infirmières, tout se passe à la vue de tous. Mais si l’on s’intéresse aux autres, c’est surtout pour leur manifester de la sympathie, de la compassion dans les cas les plus graves. Être si près les uns des autres favorise au fond la solidarité.

Parmi toute cette foule, la réalisatrice, dans une démarche très occidentale, va s’intéresser particulièrement à cinq personnages. Une diversité qui donne un aperçu de l’ensemble des patients qui fréquentent l’hôpital. Sauf que, plus que les problèmes médicaux, ce sont les problèmes financiers qui dominent. Comment payer une opération dont le coût est bien au-delà des moyens de la famille entière du malade. Cet homme, totalement immobilisé à cause d’une mauvaise chute, hésite longuement. Les médecins ne peuvent pas assurer que l’opération sera réussie. Ce n’est qu’au dernier moment que le blessé y renoncera. Au soulagement semble-t-il de sa famille qui avait beaucoup de mal à réunir la somme nécessaire.

Des problèmes financiers, les parents de la petite fille (moins de 6 ans semble-t-il) qui a la main très abimée à la suite d’un accident dans la rue, en rencontrent aussi. C’est un bus qui a blessé la fillette, mais la compagnie des bus ne veut âs reconnaître sa responsabilité. Les parents sont prêts cependant à sa battre pour pouvoir faire soigner la petite fille au mieux.

Le filmage multiplie les plans rapprochés et les gros plans. Ce qui, bien sûr, favorise la sympathie pour la souffrance des patients. Un couple de personnes âgées est particulièrement filmé au plus près. La femme est presque inconsciente, mais l’homme multiplie les gestes de tendresse à son égard. Le film développe aussi un certain optimisme, en revenant à plusieurs reprises sur cet homme qui chante dans les couloirs. Sa fille a eu un accident de voiture qui a été fatale à la mère de la jeune fille. Mais il n’ose pas annoncer cette issue à la blessée. Par ses chants un peu naïfs, il espère donner un peu de réconfort à l’ensemble des personnes hospitalisées.

Filmer l’hôpital est un bon choix pour donner une vue d’ensemble de la société chinoise. Du moins d’une certaine Chine. La Chine des pauvres, de ceux pour qui une hospitalisation remet en cause leur avenir, et celui de leurs enfants. Le film participe de cette résignation qui semble le lieu commun.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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