GREY GARDENS

Grey Gardens, Albert et David Maysles, 1975, 94 minutes.

Une grosse maison, située face à l’océan, dans un quartier chic de East Hampton. Elle a dû être resplendissante. Mais elle a perdu de son éclat. A l’extérieur, ce qui a été un parc est envahi par les herbes folles. Et dès qu’on entre on est frappé par le désordre sans nom. Comment est-il possible de vivre ici ?

Celles qui vivent ici, pratiquement isolées du reste du monde, ce sont une mère et sa fille. Elles ont appartenu à la haute société américaine. Edith Bouvier Beale et de sa fille aînée Edith, tante et cousine de Jacqueline Kennedy Onassis. La fille est une ancienne danseuse qui n’a pas réussi à faire carrière. La mère ne sort plus guère de son lit, au milieu des chats.

Le film nous plonge dans leur intimité, sans rien cacher de leur vie qui semble prendre l’eau de toute part. Une vision sans concession de ce que l’on est bien obligé de nommer une déchéance.

Grey Gardens est un des films les plus connus, et justement célèbre, des frères Maysles, avec le fameux Gimme Shelter consacré au concert meurtrier des Rolling Stones à Altamont. Un film où s’affirme nettement la méthode de filmage du « cinéma direct », expérimentée dès 1960 par la Drew Associates, Robert Drew, Richard Leacok, D A Pannebaker et donc Albert Maysles, dans le non moins célèbre Primary suivant la campagne électorale du futur Président kennedy. Il ne s’agit pourtant pas pour les frères Maysles de se faire oublier, d’être cette mouche sur le plafond qui voit tout mais dont personne ne soupçonne la présence. Ici les cinéastes sont bien présents et interagissent avec les deux femmes. Ma mère en particulier s’adresse constamment à eux et ils ne refusent pas de répondre. La méthode, c’est ici de se faire accepter par les personnes filmées, de faire partie de leur quotidien. A Grey Gardens, les Maysles laveraient presque la vaisselle. Et du coup, la réalité sociale qui est filmée n’a plus de secret pour eux et nous est restituée telle qu’elle.

La riche filmographie des frères Maysles regorge de films qui seraient passionnants de redécouvrir, comme ceux consacrés à l’œuvre de Christo et de sa compagne Jeanne-Claude, ou bien la rencontre avec Vladimir Horowitz. Des films disponibles à la Maysles Films qui ne demandent qu’à franchir l’atlantique.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :