ARGENTINE – Filmographie

Une sélection restreinte, mais suffisante pour apprécier la richesse d’un cinéma marqué par les crises économiques et le souvenir de la dictature.

A ciel ouvert, Inès Compan

         Connaissez-vous les Amérindiens Kollas ? Le film d’Ines Compan nous les fait découvrir en s’immergeant dans leurs communautés Des communautés qui ont bien du mal à survivre, à préserver leur mode de vie ancestral, l’élevage de lamas et de moutons sur les hauts plateaux du nord-ouest de l’Argentine. Un mode de vie menacé par les attaques de la société industrielle toujours à la recherche de gains jusque dans cette province perdue de Jujuy et ses paysages quasi-désertiques – le film nous fait profiter pleinement de leur beauté. Mais les Kollas trouveront-ils les moyens de résister ?

Avenue Rivadavia, Christine Seghezzi

         Les habitants de l’avenue Rivadavia que rencontre Christine Seghezzi sont essentiellement des enfants d’immigrés d’Europe de l’est dans les années 20 ou 30, comme cet horloger dont le père est venu de Hongrie, ou ce juif polonais rencontré dans un premier temps alors qu’il lit le journal sur un banc en bordure de l’avenue. La cinéaste filme aussi un cours de langue destiné à de jeunes chinois où, en traitant des temps du passé, la formatrice en vient à parler du Vatican, de Rome, des rois européens tous catholiques et donc de Dieu, de Jésus et de la Vierge, dont l’évocation fait bien rire les asiatiques. Petite touche d’humour vite effacée par la dimension bien plus noire de l’histoire récente de la ville.

Cortázar & Antin: Cartas Iluminadas.  Cinthia Rajschmir

         « À la fin de ma maîtrise de cinéma documentaire, j’ai rencontré le cinéaste Manuel Antin, recteur de l’Université de Cinéma de Buenos Aires, pour le remercier de m’avoir soutenu dans mes études en m’accordant une bourse. À la fin de la réunion, qui a été très agréable et très longue, Manuel Antin m’a dit : « Cette maison est à vous » Il m’a donné ses films et le livre  » Cartas de cine  » qui contenait la correspondance que l’écrivain Julio Cortázar lui avait envoyée pendant qu’Antin réalisait trois films basés sur ses histoires. J’ai vu ses films et lu le livre … et un an plus tard, j’ai décidé de lui demander s’il me permettrait de réaliser un documentaire sur l’histoire entre Julio Cortázar et lui. Il a immédiatement répondu : « Je suis à votre disposition ». » Cinthia Rajschmir

Despuès de la revolution, Vincent Dieutre

Arrivée à Buenos Aires. Filmer la ville ? Explorer la ville pour la filmer ? Pas vraiment. La caméra est posée au carrefour en bas de l’hôtel. Le croisement de deux rues. Deux simples rues, comme il doit y en avoir des milliers dans une grande ville. Faire un plan fixe. Long. La caméra sur pied est bien stable. Rien ne bouge. Si, il y a quelques voitures qui circulent doucement. Quelques passants aussi. Ils passent dans la rue sans remarquer qu’ils sont filmés. De toute façon, ils ne font que passer. Attendre. Tout peut arriver. Il se peut aussi que rien n’arrive. Le plan pourtant n’est pas vide. Il y a la ville. Un fragment de la ville. Parmi tant d’autres possibles. Une ville qui ici est si calme, tranquille, presque sans bruit…

La Dignité du peuple, Fernando Solanas

Solanas filme l’Argentine en crise, une crise économique et financière profonde, dont il attribue la responsabilité à la politique ultralibérale menée par les successeurs de la dictature militaire. Mais il filme surtout les Argentins, ceux qui sont les premières victimes de cette crise, les paysans sans terre, les ouvriers sans travail, ceux qui ont perdu toutes leurs économies, qui n’ont plus de maison où vivre, ceux qui souffrent de malnutrition.

L’Heure des brasiers, Fernando Solanas

L’Heure des brasiers est tourné clandestinement, en 16 mm noir et blanc, et diffusé d’abord de la façon militante. Il demanda plus de deux ans de travail, de recherche d’information et d’enregistrement d’entretiens avec de multiples acteurs engagés dans les luttes politiques et syndicales de l’Argentine tout au long de la première moitié du XX° siècle. Le résultat est un film tout à fait à part dans l’histoire du cinéma mondial de l’époque, un film en dehors des normes, par sa longueur, par son engagement, par sa forme aussi. Un film qui fera date mais qui doit être impérativement replacé, lorsqu’on le voit aujourd’hui, dans le contexte de son époque, dans l’histoire de l’Argentine et de l’Amérique latine où les idées politiques sont fortement marquées par l’expérience cubaine et la naissance des guérillas dans la mouvance de Che Guevara.

Histoires de la plaine, Christine Seghezzi

Christine Seghezzi est revenue en Argentine pour filmer la pampa, cette campagne typique, réputée pour être une des terres les plus fertiles de la planète et produisant, grâce à l’élevage extensif, la meilleure viande du monde. Mais c’était autrefois. Depuis quelques années les choses ont changé. Des changements imposés par la crise. Des changements qui ont peut-être apporté des devises au pays, mais qui ont surtout provoqué une catastrophe écologique et sanitaire dont les effets néfastes ne se sont pas tous encore manifestés.

Mapa de sueños latinoamericanos, Martin Weber

Une plongée au cœur d’un continent, depuis l’Argentine jusqu’au Mexique, en passant par le Pérou, le Nicaragua, Cuba, le Brésil, la Colombie et le Guatemala. Des rencontres avec ses habitants, avec son peuple, ses peuples. Et la façon dont ils vivent les problèmes les plus cruciaux de ces pays, des problèmes communs à la plupart des pays du continent : la violence, celle d’État comme celle des conditions économiques et sociales, les dictatures et ses séquelles, les enlèvements et la torture, la guérilla et la répression militaire. Les sud-américains ont-ils encore des rêves d’avenir.

Mémoire d’un saccage. Argentine, le hold-up du siècle, Fernando Solanas,

Fernando Solanas se penche à nouveau sur le destin de son pays, l’Argentine. Un pays en faillite, au bord du gouffre. Les banques viennent de bloquer les avoirs des petits épargnants pour essayer de réduire la dette extérieure. Ceux qui ont travaillé toute leur vie pour économiser quelques sous ont tout perdu. Les propriétés de l’Etat, du pétrole au chemin de fer, ont été vendues à bas prix à des sociétés étrangères. Le chômage augmente dans des proportions importantes, provocant la misère et la faim. En cette fin 2001, la colère du peuple explose dans les rues.

Nos corps sont vos champs de bataille. Isabelle Solas

         Argentine, un pays surprenant en ce qui concerne l’évolution des mœurs. D’un côté, comme sans doute la majorité des pays d’Amérique latine, elle reste dominée par le patriarcat, et pas seulement au niveau des mentalités. De l’autre la loi sur « l’identité des genres » votée en 2013 représente une avancée importante sur la question du genre, loin devant les pays européens et la France tout particulièrement.

Sangre de Mi Sangre, Jérémie Reichenbach.

Un abattoir autogéré en Argentine. La vie quotidienne d’une famille qui y travaille.

Responsabilidad empresarial. Jonathan Perel

Un film dénonçant la dictature en Argentine instaurée par le coup d’Etat de 1976. Ou plutôt une dénonciation de la participation d’un grand nombre d’entreprises, nationales et internationales, à cette dictature, et la répression qui s’est abattu systématiquement sur les ouvriers.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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