Rêves dansants.

Les Rêves dansants sur les pas de Pina Bausch de Anne Linsel et Rainer Hoffmann, 2011, 89 minutes.

Avec ces Rêves dansants, nous partons à la découverte d’adolescents, comme eux partent à la découverte de la danse de Pina. Nous ne sommes pas dans une formation de futurs danseurs professionnels. Nous sommes dans un atelier, un club ou quelque chose de ce type, où il est proposé, à raison d’une séance par semaine, à des adolescents de découvrir une activité artistique et de la pratiquer. Ceux qui sont venus, presque par hasard, ne se connaissaient pas. Ils ne connaissaient pas Pina Bausch, encore moins ses chorégraphies. Ils auraient pu faire de la musique ou du sport. Mais ils restent là, reviennent, se prennent au jeu, s’impliquent de plus en plus dans le projet, un projet dont ils ne mesuraient sans doute pas au départ toutes les dimensions.

C’est que l’activité de la danse qui leur est proposée n’est pas un simple passe-temps d’amateurs. Bénédicte et Jo, les deux danseuses de la troupe de Pina Bausch qui dirigent leur travail sont de vraies professionnelles et d’excellentes pédagogues. Il est vrai qu’avec Pina Bausch elles étaient à bonne école. Ici, elles font répéter inlassablement les mêmes mouvements pour obtenir quelque chose qui, sans le dire, approche la perfection. Mais elles ne découragent jamais ces « enfants », comme elles disent. Surtout lorsqu’ils affirment, surtout les filles, qu’ils n’y arriveront pas, bien au contraire Si la danse est formatrice, c’est qu’exposer son corps à la vue des autres n’est jamais facile pour un adolescent. Se frotter, littéralement, aux autres est encore plus difficile. Car ces contacts contiennent une inévitable violence. Mais une violence constructive. Surtout pour ces personnalités en devenir. Au final, le Kontakthof qu’ils interprètent, mais dont nous ne voyons que des extraits, n’a rien à envier à celui réalisé par des professionnels.

Lorsqu’ils vont rencontrer Pina Bausch pour la première fois, lorsqu’ils vont danser devant elle, ils ne peuvent qu’être particulièrement tendus. Mais très vite, ils se rendent compte qu’elle n’est pas là pour les juger. Elle les remercie, visiblement émue par leur travail, leur dynamisme, leur implication, leur persévérance. Alors elle peut leur donner des conseils qu’ils peuvent entendre comme une aide et non comme une contrainte imposée. Et c’est toute l’œuvre de la chorégraphie qui se pare d’une vertu éducative.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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