DEUX CHANTEUSES

Césaria Evoria. Ana Sofia Fonseca, Portugal,2022, 94 minutes.

Nothing Compares. Kathryn Ferguson, Irlande-Royaume Uni, 2022, 95 minutes.

Cesaria Evora – Sinead O’Connor.

Le Fipadoc 23 qui se déroulait en janvier à Biarritz présentait dans sa section documentaire musical deux portraits de chanteuse. Deux portraits bien différents puisque les chanteuses concernées n’ont guère de rapport entre elles. Mais aussi parce que leur objectif respectif sont bien différents.  Car s’il s’agit bien de suivre deux carrières de chanteuse, elles n’ont ni le même point de départ ni surtout le même point d’arrivée. Si dans le cas de Césaria Evora il s’agit de faire un bilan, dans le cas de Sinead O’Connor il s’agit, de façon bien différente de rendre hommage à la sincérité des engagements et à la fidélité à ses valeurs et prises de positions, qu’il lui en coûte.

En confrontant ces deux films, nous voyageons donc du Cap Vert à l’Irlande en passant par les salles de concert du monde entier. Un voyage en chansons bien sûr.

Le film sur Cesaria Evora commence lors de la réunion de famille qui fête ses 50 ans. C’est dire que la carrière et la renommée de celle qui fut appelée La Diva aux pieds nus commença assez tardivement. Le film insiste beaucoup sur le fait qu’elle est restée simple dans sa vie , aimant revenir dans sa maison du Cap Vert et retrouver sa famille, dont nous entendons souvent le récit qu’en fait sa petite fille. Pourtant, cette vie est entachée par son addiction au tabac et surtout à l’alcool. Au point qu’elle ne pourra plus monter sur scène sans avoir bu au moins un verre de whisky.

Représentante de la chanson africaine et de l’Afrique dans son ensemble dans le monde entier, Césaria Evora s’est également engagée en faveur de l’indépendance du cap Vert. Sur tous ces points, le film utilise beaucoup d’images d’archive qui permettent de faire de la chanteuse un portrait riche et attachant.

Le film sur Sinead O’Connor lui, nous montre le tout début de la carrière de la chanteuse Irlandaise. Son premier album est un succès et que les suivants ne font qu’emplifier. Comment a-t-elle alors si vite dégringoler au point d’être pratiquement oubliée.

Ce sont ses positions revendicatrices – ce que les médias appellent ses maladresses – qui vont rapidement entraîner sa chute et briser sa carrière. Intransigeante sut son indépendance, elle refuse lors d’un grand concert en plein air aux États Unis que l(hymne national américain soit diffusé en ouverture. Puis c’est la séquence particulièrement saisissante où, pour protester contre la position du Vatican sur le XVI) en ouverture d’une de ses chansons. C’est alors un déchaînement d’agressivité contre elle, venant de toute part et repris par les médias. Elle est insultée, menacée. Les radios ne passent plus ses chansons. Ses disques sont boycottés. C’est la fin de sa carrière. Pourtant, elle ne plie pas et ne reconnaîtra jamais avoir commis une erreur. Le film la montrera quelques 20 années plus tard chantant toujours, loin des médias, et fidèle à ses idéaux.

Deux portraits qui sortent des sentiers battus et qui contribuent à donner au documentaire une place importante dans le monde de la musique.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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