UNIVERSITE AFRICAINE

Coconut head generation. Alain Kassanda, 2023, 89 minutes.

La vie sur un campus. En Afrique, au Nigeria. Le campus de Ibadan University. Une plongée dans la vie des étudiants africains. Leurs préoccupations, leurs engagements, leurs revendications.

Le film s’ouvre sur un ciné-club organisé au sein de l’université. Nous le retrouverons olus avant dans le film. Un fil rouge en quelques sortes, parce que c’est le lieu où les étudiants se retrouvent, pour discuter, échanger des idées, formuler des rêves personnels, se confronter aux autres.

On y regarde des films, bien sûr, mais le réalisateur met surtout l’accent sur les discutions, souvent enflammées, qui pont lieu dans ce cadre et qui ne concerne pas toutes le cinéma. Elles s’en éloignent même très vite pour atteindre un haut niveau de réflexion politique, appuyée sur une connaissance concrète de la réalité du pays. C’est peu dire que ces étudiants là sont politisés. On devrait plutôt dire qu’ils font de la politique comme ils respirent.

A suivre toutes ces prises de parole spontanées on est frappé non seulement par le niveau de conscience politique mais aussi par la qualité de l’argumentation, – lune pensée souvent originale, personnelle, en prise direct avec le vécu. C’est bien sûr sur les perspectives d’avenir – les difficultés de trouver un emploi même pour des diplômés – que reviennent souvent dans leurs discours ces orateurs improvisés. A noter que les jeunes filles ne sont surtout pas à la traine des garçons. Particulièrement concernées par les questions féministes, elles apparaissent plutôt comme des leaders, prêtes à mettre en œuvre leurs positions et surtout ne pas rester sur un petit nuage idéaliste.

A travers ces débats, le film nous propose un véritable portrait de la jeunesse intellectuelle du pays, une jeunesse qui ne se fait pas d’illusions sur la capacité de la génération de leurs parents pour résoudre les problèmes les plus aigus qui se posent dans leur vie quotidienne. De toute évidence ils sont impatients d’entrer dans l’arène du jeu politique, même si c’est en rejetant d’emblée les pratiques établies et les modalité des pouvoirs en place.

C’est ainsi que le film ne reste pas enfermé dans les amphis du campus pour suivre les manifestations contre les violences policières qui prennent vite de l’ampleur dans la rue. Jusqu’à ce que la répression – ici comme ailleurs – vienne s’abattre sur les manifestants. Une répression des plus dures puisque les forces de l’ordre n’hésitent pas à tirer à balles réelles sur la foule. On ne compte plus le nombre de morts.

Mais cette répression, si violente soit-elle, ne pourra certainement pas faire taire la parole des étudiants contestataires. C’est l’avenir du pays qu’ils ont entre leurs mains. Une génération qui n’a pas la tête vide !

Grand prix Cinéma du réel 2023.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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