Cabaret parisien

Crazy Horse, Frederick Wiseman, Etats unis-France, 2011, 128 minutes.

Le célèbre cabaret parisien filmé en long en large et en travers par Frédéric Wiseman. A première vue on est un peu surpris. Après l’Opéra de Paris et la Comédie Française, on n’est plus vraiment au même niveau. Mais après tout, on ne peut pas nier la dimension culturelle du cabaret, et la chorégraphie est signée Philippe Découflé. Une référence.

Donc on va passer deux heures avec les danseuses, au milieu de jambes de seins, de fesses, de lingerie. Le tout assez érotisé. On est dans les coulisses avec les séances obligées de maquillage, les essayages de perruque et même vers la fin du film on assiste à une audition. Puis les répétitions, avec les indications du chorégraphe. Sur scène enfin, pendant les soirées avec un déferlement de lumières de couleurs, le tout se traduisant par des effets spéciaux dans l’image, sans oublier la musique et les chansons.

Comme toujours chez Wiseman on assiste aux à-côtés de la vie de cette institution. La prise des réservations, l’arrivée des spectateurs, la photographe qui les mitraille et la fabrication des photos souvenirs pour les couples et les groupes de vieux monsieur. Les plans de respiration en extérieur nous montrent les Champs Elysées et les terrasses des cafés mais aussi la Seine et les bateaux-mouches.

La deuxième partie du film est plus centrée sur les réunions entre le chorégraphe et les danseuses, le directeur artistique et les responsables administratifs. Il s’agit de réguler les petits défauts de fonctionnement du spectacle mais aussi l’ensemble de la vie de la maison. Rien n’est jamais parfait, mais tous réfléchissent à suivre l’esprit maison. Tout le monde à son niveau doit s’investir.

C’est le corps féminin qui est le véritable sujet du film. Les danseuses sont filmées au plus près. les « filles du Crazy Horse » correspondent à une canon traditionnel de la beauté féminine, mais le créateur s’efforce de ne pas les considérer comme simple objet que l’on manipule à volonté. Si elles ont droit à la parole, la création reste quand même une affaire d’hommes.

Le Crazy Horse a la réputation de présenter « le meilleur numéro de nu du monde ». Le film de Wiseman ne cherche pas, lui, à obtenir le titre de meilleur film érotique du monde. Philippe Découflé est arrivé au Crazy pour renouveler l’image de la vieille maison, il lui faut bousculer les habitudes. Les créations que nous montrent Wiseman se veulent résolument nouvelles. Sont-elles pour autant révolutionnaires ? Seuls les habitués du Crazy peuvent sans doute en juger.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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