H COMME HERZOG WERNER

Folie, hors-normes, démesure, telles sont les expressions le plus souvent rencontrées à propos des personnages des films de Werner Herzog, d’Aguirre à Gaspar Hauser en passant par Fitzcarraldo. Et effectivement les films du cinéaste allemand ne traitent pas vraiment du quotidien de Monsieur tout le monde. Qu’en est-il pour ses documentaires, qui constituent une partie importante de son œuvre ?

Deux portraits de personnages hors du commun. Ne sont-ils pas aussi, d’une certaine façon, de autoportraits ?

Ennemis intimes, 1999. Le portrait de l’acteur « fétiche » d’Herzog, Klaus Kinski, la mise à nu de leurs relations, un film hommage à un personnage et un acteur hors du commun, en même temps qu’une prise de distance dans leurs relations pour le moins houleuses et toujours ambivalentes. Herzog rapporte un nombre impressionnant de colères de Kinski, toutes plus violentes les unes que les autres, au point même parfois de passer à l’acte. Le Kinski décrit par Herzog est irritable au plus haut point, ne supportant pas de ne pas être toujours l’unique centre d’intérêt sur le tournage, systématiquement agressif avec tous ceux qui l’entourent, mais aussi peureux et parfois lâche. La conclusion s’impose : pour Herzog, Kinski est fou. Mais, cette folie, ne l’a-t-il pas lui-même partagée ? N’était-elle pas nécessaire à la réalisation de ses films. Kinski = Fitzcarraldo ; Fitzcarraldo = Herzog.

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Grizzly man, 2005. Un autre portrait, d’un personnage tout aussi singulier, marginal, fascinant et repoussant à la fois, Timothy Treadwell, amoureux des grizzlis, au point de passer ses étés sur leur territoire en Alaska. Une aventure des plus dangereuses.  Car ces animaux sauvages n’ont rien de gentilles petites peluches. Treadwell le sait. Il se vante même de vivre le plus dangereusement du monde. Mais il ne peut pas se passer de ses amis les ours. Il est là pour les étudier, pour les protéger. Il les connait tous. Ils sont ses amis. Mais eux, reconnaissent-ils en lui un ami ? Une aventure qui se termine mal, Treadwell est dévoré par ses « amis », sans doute parce que très prosaïquement ils manquaient de nourriture. Mais le cinéaste cherche-t-il vraiment à percer le mystère de Treadwell ? Le seul jugement qu’il portera sur cette folie concerne le fait d’avoir entraîné se compagne dans sa mort. Pour le reste, Herzog ne se donne pas le droit de condamner. Au fond, la position de Herzog vis-à-vis de Treadwell est ambigüe. Comme le personnage de Treadwell est lui-même profondément marqué par l’ambigüité. Treadwell est incontestablement un personnage hors du commun, vivant une situation extrême. Qui mieux qu’Herzog pouvait le filmer ?

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Filmographie

Les films documentaires de Werner Herzog

The great Ecstasy of Woodcarver Steiner (1974)

 Gasherbrum (1985) 

Échos d’un sombre empire (1990) 

Leçons de ténèbres (1992) 

Les Cloches des profondeurs (1993) 

Gesualdo, mort à cinq voix (1995) 

 Petit Dieter doit voler (1997) 

Ennemis intimes (1999) 

Les Ailes de l’espoir (2000)

Grizzly man (2005) 

La Grotte des rêves perdus (2010) 

Into the Abyss (2011)

 

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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