M COMME MOULLET (Luc)

Une image, un film : Terre de la folie de Luc Moullet.

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Un portrait du cinéaste par lui-même. Quelque peu solennel. Moullet se filme en plan américain, la tête bien droite, regardant droit devant lui, tout ce qu’il y a de plus sérieux. Il est vêtu on ne peut plus simplement, un pull bleu marine sous lequel est visible le col d’une chemise bleu clair. Moulet pose devant un meuble plutôt rustique, un vaisselier garni d’assiettes anciennes. A sa gauche, dans un sous-verre, une composition représentant des  feuilles d’arbre. Un portrait qui ne doit pas figurer dans un film particulièrement drôle. Et pourtant…

Terre de la folie, le film quelque peu autobiographique de Moullet, n’est certes pas une comédie. Le sujet abordé est des plus sérieux : pourquoi dans un périmètre restreint, situé dans la région dont Moullet est originaire, la chronique recèle tant d’histoires de meurtres. Et des cas de folie. Si le cinéaste prend la chose au sérieux, il ne renonce pas non plus à un certain humour. Ou du moins c’est son sérieux même qui se révèle d’un humour particulier, un humour froid, glacé et glacial, presque un humour noir par moment. Mais l’enquête que mène le cinéaste n’a rien de futile. Il y va de sa réputation peut-être, mais plus certainement du sens même de sa vie. Car certains de ces crimes qui restent pratiquement inexpliqués, si ce n’est en évoquant une « folie meurtrière », ont eu lieu dans la famille même du cinéaste. .Le premier cas de folie qu’il évoque concerne la petite nièce de son arrière-grand-père. A la suite de problèmes avec son employeur, qui sans doute a abusé d’elle, elle a des comportements qui la conduisent en hôpital psychiatrique. La fin du film évoque aussi la série de meurtres commis par un autre membre lointain de sa famille. Et Moullet de s’interroger sur lui-même, sa passion pour le cinéma, sa solitude, son rapport au monde et aux autres. Est-il quelqu’un de « normal » ? Son portrait peut-il servir de réponse à cette question ?

 

 

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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