P COMME PRECARITE-Etats-Unis

I love you I miss you I hope I see you before I die.  Eva Marie Rødbro, Danemark , 2019, 76 minutes.

Betty est jeune, belle, souriante, toujours souriante. Enfin, presque. Car sa vie n’est pas toujours très gaie. Alors comment pourrait-elle ne pas se laisser aller à la déprime devant les difficultés qui s’accumulent sur elle. Des problèmes d’argent surtout. Et puis ; l’addiction à la drogue n’arrange pas vraiment les choses.

Betty habite une grande maison plutôt délabrée qu’elle partage avec sa mère et des amis. Onze personnes en tout, en comptant les enfants. Une communauté parfois lourde à supporter. Mais elle reconnait aussi que c’est souvent une aide, aux moments où elle en a le plus besoin.

Mais ce sont surtout ses enfants qui l’aident à supporter la vie, à ne pas se laisser aller au désespoir. Que serait-elle sans eux. Surtout Jade, sa fille de 5-6 ans, pleine de dynamisme et de joie de vivre. Même si elle n’a pas tout à fait réglé ses problèmes avec les fantômes du fond du jardin. Quand elles jouent ensemble, toutes les deux, Betty peut bien oublier les misères de la vie.

Le film de Eva Marie Rødbro n’explique rien, ne justifie rien, ne cherche aucunement des raisons ou des causes. Il se contente de donner à voir des tranches de vie et des personnages qu’on se contente de côtoyer un moment, celui du film. Mais par là il nous dit beaucoup. Sur la vie dans cette Amérique sans doute riche, mais pas pour tout le monde. Comme beaucoup Betty a une voiture, un téléphone qu’elle utilise beaucoup. Elle joue aux jeux vidéo. Et sa vie finit presque à ressemble à un jeu vidéo, où quand on perd une vie il en reste d’autres. Mais se fait-elle des illusions sur l’existence d’un game over définitif ?

I love you… est un film trépidant, filmer à toute vitesse. Avec un montage si rapide qu’il en est presque chaotique par moment. Et la caméra virevolte, toujours portée à l’épaule. C’est qu’il faut beaucoup d’agilité pour suivre jade quand elle se cache dans les placards encombrés de la maison, ou quand elle court dans le jardin. Ici, on ne recherche pas la beauté des images. Mais plutôt de les rendre percutantes. Et tant pis si le spectateur risque d’avoir un peu mal aux yeux ou à la tête. A moins d’être un habitué des clips et des jeux vidéo !

Mais, sans en avoir l’air, le film de ouvre bien une réflexion sur les conditions de vie en Amérique, sur les démêlés avec l’administration ou la police. Et sans le dire, il dénonce la misère, une misère dont el refuse de rendre responsable ceux qui la subissent. Il n’en est pas pour autant un film engagé ou militant. Il ne propose pas de solutions. Il n’évoque même pas la possibilité d’un avenir plus radieux. Mais à partager un temps les conditions de vie de Betty, on finit par se dire qu’il y a bien dans l’Amérique de Trump (on le voit dans un plan très bref sur un écran de télé) des choses qui finissent par être insupportables.

Festival International de Films de Femmes, 2021, en ligne.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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