A propos du film Roland Gori, une époque sans esprit de Xavier Gayan
- Comment j’ai rencontré Xavier Gayan ?
Xavier Gayan est venu me voir à la suite d’un débat autour du film « Dans le ventre de l’hôpital » de Jérôme Le Maire, organisé par les Débats Autrement. Il est venu me dire à la fin de la séance : « je veux faire un film sur vous ». L’aventure a commencé comme ça. Sur le moment je n’ai pas pris la mesure du temps et des investissements que cela impliquait. J’avais été filmé des dizaines de fois au cours de mes conférences, un de mes amis m’avait suivi pendant des heures et avait monté un DVD (Gori, L’individu Libre de Christophe Chassaigne), un de mes élèves avait même commencé un rush de plusieurs heures sur « Des sciences encore humaines » (Christian Bonnet avec Anne Alix et Philippe Tabarly), mais je ne m’attendais pas à passer autant d’heures et avoir autant d’échanges que ceux qu’exigeait le travail de Xavier.
- Quelle a été ma première réaction à l’idée du film ?
Je crois en toute sincérité : mon inconscience et mon étonnement.
- Comment s’est déroulé le tournage ?
Il y a eu de nombreuses séquences, séances d’enregistrement, certaines spontanés (comme lors du Congrès du Mans de la FSU), d’autres organisées par Xavier (comme celles de Marseille). Il a ensuite choisi parmi une liste de noms que je lui avais communiquée les personnes qui lui paraissaient représentatives de mon action. Il n’a pas retenu certaines scènes auxquelles j’étais attaché pour des raisons techniques, essentiellement d’environnement sonore. Le montage a été intégralement son affaire. Je ne suis intervenu avec insistance qu’en ce qui concerne le texte de la 4e de couv du DVD que je lui ai échangée contre l’horrible photo de ma calvitie de la première de couv !!!
- Pensez-vous que ce film peut avoir un impact particulier dans ma lutte contre le libéralisme ?
J’ai l’habitude de dire « nous verrons quand nous y serons ». Cette phrase que je dois au Dr Robert Pujol qui fût un de mes formateurs à la psychanalyse est pour moi d’une grande vérité. C’est aussi une des leçons du pragmatiste William James : la vérité d’un énoncé est l’effet qu’il produit. Nous n’en sommes pas encore là… RDV dans vingt ans !!
- Quels sont vos films documentaires préférés ?
Je partage avec Marie José Del Volgo, mon épouse et co-auteur, le visionnage de la plupart des films, documentaires compris. Nous aimons beaucoup Pasolini, nous avons apprécié la série documentaire sur Tchernobyl, été émus par le film d’Hélène Fresnel sur l’ami Bernard Maris, touchés par le documentaire de Xavier sur « Maitre Contout, mémoire de la Guyane » et par Les enfants volés d’Angleterre de Pierre Chassagnieux et Stéphanie Thomas. Voilà ce qui me vient immédiatement à l’esprit mais bien d’autres ont eu nos faveurs comme « A demain » de Mélanie Laurent par exemple.
[1] Roland Gori, Président de l’Association Appel des appels, professeur honoraire des Universités, psychanalyste, dernier ouvrage paru : Et si l’effondrement avait déjà eu lieu. L’étrange défaite de nos croyances, Paris, LLL, 2020.