A COMME AMITIE perdue.

Ma fleur maladive, Astrid Adverbe, 2013, 44 minutes.

William Blake ouvre le film :

« À l’oiseau le nid,
À l’araignée la toile,
À l’homme l’amitié. »

L’amitié serait-elle donc indispensable à l’être humain ? Ce sans quoi il ne peut pas vivre ?

Un film donc sur l’amitié, la vraie, celle qui fait dire c’est mon meilleur ami, c’est ma meilleure amie. Celle qui est unique, qui n’a qu’un seul être à qui se donner.

Celle qu’on ne saurait perdre, que l’on croit éternelle, au-delà des vicissitudes de la vie. Une amitié si forte qu’elle laisse dans les cœurs une trace indélébile. Même si elle finit par arriver à son terme, à trouver un achèvement, qu’on ne croyait pas possible, qui était, et reste, inimaginable.

Et pourtant, il y a bien des amitiés perdues, des amitiés dont la vie finit par avoir raison, que la vie efface presque, sans qu’on s’en aperçoive d’abord, sans qu’on y croie vraiment tant cela paraît impossible. Existerait-il une malédiction qui lui aurait été fatale ?

Dans son film – un film en première personne – Astrid Adverbe part à la recherche d’une amitié perdue, d’une amie, Lætitia la plus grande amie, qu’elle ne voit plus, dont elle n’a pas de nouvelles, mais qu’elle n’oublie pas, qu’elle n’oubliera jamais. Une quête qui pourrait être interminable. Une quête qui d’ailleurs ne se termine que par la nécessité du cinéma

Cette quête la mène auprès d’amies qu’elle a en commun avec l’amie recherchée. Certaines ne l’on pas vue depuis longtemps. Certaines l’ont oubliée. Aucune ne peut expliquer pourquoi Astrid et elle se sont perdues de vue. Alors que toutes savent bien qu’elles étaient vraiment les meilleures amies du monde.

Dans le film, la recherche n’a-elle pas plus d’importante que les rencontres elles-mêmes ? Nous voyons Astrid chercher une adresse, se tromper de maison, sonner enfin à la bonne porte. Nous la suivons de dos, emmitouflée dans un manteau, Dans une rue sous la neige. Nous découvrons avec elle des salons, des salles à manger, des intérieurs douillets, des pièces cossues. Et nous écoutons les propos échangés entre amies, des propos qui essaient de percer le mystère de l’amitié, et pas seulement celle de Lætitia et d’Astrid. Pourquoi donc celle amitié s’est-elle perdue ?

Un cinéaste doit savoir terminer un film, surtout s’il s’agit de ce « drôle de format » qu’est le moyen métrage. Astrid finit par joindre l’amie recherchée au téléphone. Une phrase finale cinglante. Ce n’est pas vraiment une surprise pour le spectateur même si Astrid semble stupéfaite. Mais ce qu’elle ressent ferait partie d’un autre film. L’amitié doit rester un mystère.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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