B COMME BEYROUTH – Explosion

Sur tes cendres. Joachim Michaux, France, 2021, 34 minutes.

Beyrouth meurtrie. Beyrouth martyrisée, blessée, brulée. Une ville qui sombre de plus en plus dans le chaos. Qui n’en finit pas de sombrer. Depuis la guerre – les guerres – jusqu’à l’explosion gigantesque dans son port. Pourra-t-elle un jour se relever ?  Pourra-t-on y vivre sans être constamment au bord du précipice ? Sans respirer cette odeur entêtante de destructions, de ruines, de mort ? Pourra-t-on simplement continuer à y vivre ?

Le film de Joachim Michaux pourrait presque être perçu comme une déclaration d’amour à cette ville. Ou bien comme un hommage (posthume ?). Ou plus simplement, comme un réquisitoire contre cette folie humaine qui pousse à détruire, qui ne sait pas se protéger des destructions, contre cette irresponsabilité qui débouche inévitablement sur des catastrophes.

Peut-on se souvenir du temps de la paix, de la prospérité ? Dans le film, il n’y a pas place pour la nostalgie. Les images de l’explosion du port, captées sur le vif, en direct live pourrait-on dire, interdissent tout optimisme, tout espoir.

Sur tes cendres est centré sur deux personnages. Un homme et une jeune fille, sa fille. Deux habitants de Beyrouth qui errent dans la ville. Peut-être sont-ils perdus ? ou plutôt ils se sentent perdus. Sont-ils encore chez eux. Sont-ils capables de continuer à y vivre ?

Lui est photographe. Il a passé le temps de la guerre caméra en mains. Présent dans les lieux les plus dangereux, il se rend compte aujourd’hui qu’il côtoyait alors la mort avec une certaine attirance, une fascination presque. Le referait-il aujourd’hui ?

Elle, elle a quitté Beyrouth dès qu’elle a eu 18 ans. Rompre les liens familiaux. Gagner sa liberté. Elle évoque rapidement une vie marginale, dans la drogue. Comment en est-elle sortie ? Elle a éprouvé le besoin de revenir. Sa vie ne fait que commencer.

Utilisant un montage alterné, le film ne réunit le père et la fille que dans un seul plan. Il ne traite donc pas directement de leur relation. Mais le fait qu’ils soient là, ensemble, dans cette ville qui est leur ville, dit bien que leur commun attachement à la ville est aussi un attachement pour l’autre.

Prix Tënk Jeune création FIPADOC 2022.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :