La vie devant nous. Frédéric Laffont, 2021, 53 minutes.
Dans les années 1960-70 l’industrie française manque de bras. Tout particulièrement dans les houillères du Nord et de Lorraine. Alors l’État français imagine comme solution d’importer des travailleurs. Pour cela il va passer un accord (« commercial » ?) avec le Maroc. Et il envoie dans le sud de ce pays un recruteur chargé de sélectionner ceux qui pourront devenir de bons mineurs de fond.

Le film de Frédéric Laffont va rendre compte de ce processus d’immigration en suivant l(action de ce recruteur dont tous ceux qui ont participé à cette entreprise connaissent le nom : Félix Mora. Un personnage inconnu de la Grande Histoire et que la journaliste Ariane Chemin va en quelques sortes ressusciter. Mora occupe-t-il encore aujourd’hui une place dans la mémoire et l’imaginaire des immigrés ?

Le fil va reprendre et poursuivre l’enquête de la journaliste. Il réunit d’abord des documents iconographiques sur le travail du recruteur. Par exemple, les tampons rouges (refusé) ou verts (accepté) mis sur le torse nu des candidats au départ. C’est qu’il fallait s’assurer (et c’était là le fond du travail de Mora) que ceux qui arriveraient en France seraient capables d’accomplir le dur travail de mineur et d’accepter un maigre salaire qui leur permettrait néanmoins d’envoyer un peu d’argent à leur famille.

Et puis le cinéaste a retrouvé ceux qui ont fait partie de cette vague d’immigration. Bien sûr ils ne sont pas retournés dans leur pays. Lorsque les mines ont fermé, ils sont allés travailler dans l’industrie automobile. Comment sont-ils intégrés en France ? Apparemment ils ne regrettent rien.

Un film indispensable et particulièrement utile aujourd’hui. Il devrait pouvoir contribuer à ouvrir les yeux de ceux qui veulent renvoyer les immigrés dans leur pays d’origine. Oui, sans ces travailleurs la France ne serait pas ce qu’elle est devenue aujourd’hui.
Fipadoc 2022, Biarritz.
