H COMME HONG KONG. Révolution.

Révolution of our times. Kiwi Chow, 2021, 152 minutes.

En 2020 nous avions découvert, à Visions du réel, un film étonnant de créativité sur le mouvement des parapluies à Hong Kong, Outcry and whisper de Wen Hai, Jingyan Zeng et Trish McAdam, un film qui ne se limitait pas à montrer les manifestations pour la liberté et la démocratie mais qui était aussi une ode aux combats des femmes, à leur volonté de résistance et de contestation des injustices dont elles sont victimes en les filmant en particulier au travail, dans les usines.. (https://dicodoc.blog/2020/04/29/h-comme-hong-kong-manifestations/ )

Le Cinéma du réel nous montrait la même année, dans Signal 8 de Simon Liu, cette ville filmée avec une étonnante richesse visuelle. Des images au ralenti, des images accélérées, des angles de prise de vue surprenant, des jeux de lumières, des mouvements en tous sens, et dans des séquences de rue parfois, un montage image par image. ( https://dicodoc.blog/2020/03/23/h-comme-hong-kong/ )

En 2022, c’est au tour du Fipadoc de nous plonger dans la réalité mouvante et oh combien agitée de cette ville en conflit ouvert avec le géant chinois qui cherche à y développer son emprise. Avec Révolution of our times c’est l’histoire de cette lutte pour la démocratie, telle qu’elle culmine dans les protestations contre la loi de 2019 sur l’extradition, qui nous est présentée sous tous ses aspects, des immenses manifestations de rue à l’occupation de l’université polytechnique en passant par les affrontements avec la police et la répression systématique. Un film fleuve, montrant comment toute une population, la jeunesse bien sûr, mais pas seulement, se mobilise et affirme sa détermination face à une violence policière qui elle va crescendo.

Les images ici sont forcément impressionnantes. D’abord ces plongées vertigineuses sur les interminables cortèges de manifestations monstres, une marée humaine entre les tours des buildings. Puis au cœur même de la violence des affrontements avec la police. Les manifestants se protègent des gaz avec des masques. La majorité porte des casques. Pourtant il y a un nombre important de blessés. On assiste à de véritables combats de rue, cocktails Molotov contre tirs de grenades.

 Les caméras sont partout. Au plus près de l’action. Au plus près de la violence, du danger. La presse, les reporters, les caméramans ne sont nullement épargnés par la violence policière. A plusieurs reprises on voit bien comment celui qui tient la caméra est bousculé et matraqué. La caméra, déséquilibrée, continue de tourner. Un vertige d’images, sans stabilité, sans repère.

Le réalisateur – ou plutôt les réalisateurs, tant il est clair que le filmage ne peut être qu’un travail collectif – ou ceux qui dirigent le montage – ne se focalise pas vraiment sur la violence policière. Pourtant cette violence est bien là, visible sur ces visages en sang ou, au passage d’un mouvement de caméra, ce policier qui s’acharne à coups de pied sur un homme à terre. Et les parapluies, symboles des premières manifestations pacifiques, sont de bien minces protections contre les canons à eau.

Ce film peut-il être considéré comme un reportage. Certes, il fonctionne beaucoup comme une productions d’images prises sur le vif, dans l’action elle-même. Mais par son ampleur, par l’absence de commentaire et le refus des interviews, on ne peut avoir de doute sur sa valeur cinématographique.

FIPEDOC  2022, Grand Prix documentaire Impact.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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