Option éducation sexuelle. Marie-Pierre Jaury, 2021, 58 minutes.
Une véritable éducation sexuelle pour les adolescents qui ne soit pas une simple approche scientifique comme celle présente dans les manuels de SVT, c’est certainement nécessaire. Le film de Marie-Pierre Jaury montre que c’est possible. A condition néanmoins que soient respectées deux exigences. La première concerne l’animateur ; la seconde les élèves.

Si nous disons animateur, c’est qu’il ne s’agit pas simplement de confier ce travail à un enseignant – ou alors il est impératif qu’il soit aussi un animateur. Car bien sûr il ne s’agit surtout pas de proposer un cours magistral. L’essentiel est bien plutôt de recueillir la parole des élèves, et donc de la susciter. Et il y a pour cela bien des techniques – il y en a beaucoup dans le film – qu’il faut savoir utiliser avec précision, mais en sachant surtout les adapter aux élèves présents. Savoir écouter n’est pas donné à tout le monde. Savoir rebondir sur la parole des élèves, relancer le débat sans l’orienter et en permettant à tous d’y participer, demande une grande expérience. L’enseignant a trop souvent tendance de juger et d’imposer sa vérité. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il doive accepter toutes les opinions sans distinction. Mais puisqu’il s’agit de prendre en compte le vécu, et le ressenti, de chacun, il ne saurait y avoir ceux qui ont raison d’un côté et ceux qui n’ont pas compris de l’autre.

Cette éducation – qui est d’ailleurs plus précisément une formation personnelle – peut-elle s’adresser à tous les élèves, à partir d’un certain âge, celui de l’adolescence ? Certes dans le film, on a affaire à un petit groupe de filles et de garçons volontaires, mais qui ont certainement été choisi.e.s de façon a pouvoir assurer la possibilité même du film. Mais il n’en reste pas moins nécessaire (en mettant entre parenthèse ce qui concerne le film) que les élèves doivent pouvoir s’écouter les uns les autres, sans couper la parole, sans invectiver, et surtout pas insulter, ceux avec qui ils ne sont pas d’accord. Ils doivent pouvoir argumenter rigoureusement et bien sûr il s’agit là d’une compétence transversale qui se retrouve dans toutes les disciplines scolaires. Enfin ils doivent pouvoir s’exprimer librement, sans fausse pudeur et sans fausse honte, donc sincèrement, même si bien sur il n’est jamais évident de révéler un peu de son intimité secrète devant les autres. Mais c’est justement le rôle de l’animateur de crée le climat, l’ambiance, qui permettra que tout se passe dans la bonne humeur mais aussi avec le sérieux indispensable au monde scolaire.

Sur tous ces points, le film montre que ces ateliers « optionnels » sont une réussite. Et cela bien sûr grâce au niveau de participation et d’implication (peut-être exceptionnel) des élèves, à la maîtrise et aux compétences de l’animateur. Mais aussi, et il faut le souligner, grâce à la perfection du filmage et du montage. Rarement le cinéma nous aura donner à rencontrer des adolescent.e.s capables de s’exprimer avec autant de sincérité sur des sujets (la sexualité dans son ensemble) qui soulèvent tant de préjugés et qui restent encore tabou pour beaucoup. Que ce soit dans le vécu de groupe, ou dans ces mini entretiens personnels réalisés souvent dans la chambre même de l’intéressé.e, tous ces jeunes sont admirables d’intelligence et de sensibilité.

On ne peut qu’espérer que cette éducation ne soit pas qu’une expérience sans lendemain. Les ados d’aujourd’hui sont tout à fait prêts à la vivre pleinement et à en retirer le plus grand bénéfice personnel.
